Les recherches présentées dans ce livre ont été réalisées dans le cadre du projet « Aspects cognitifs et communicationnels de la cohabitation multiculturelle en Italie : les enfants étrangers entre famille et institutions éducatives », promu par le CNR-Institut de Sciences et technologies de la cognition et par l'université de Milan-Bicocca et l'université de Pérouse. Ces études ont été conduites dans trois villes (Rome, Milan et Pérouse), qui sont particulièrement significatives pour analyser les conditions des familles étrangères. En Italie la population étrangère est concentrée surtout dans les zones urbaines : dans les aires métropolitaines de Rome et Milan, on retrouve le nombre d'étrangers le plus élevé, alors que Pérouse qui, par son importance démographique ne se place pas parmi les grandes villes, a une longue tradition d'accueil des étrangers. Entre 2000 et 2002 (la période considérée dans les recherches) les trois villes ont toutes connu une considérable augmentation de la population étrangère et en particulier des enfants entre 0 et 3 ans. Au cours de l'année 2002, ceux-ci représentaient 19 % de la population de cet âge à Milan et 13 % à Rome. Deux aspects en particulier caractérisent la présence des petits enfants étrangers : la vivacité démographique et la pluralité des provenances. En raison de la natalité réduite en Italie, le rythme d'augmentation de la présence des enfants étrangers est plus important que celui des enfants italiens. En outre, ils sont de nationalités et d'origines très variées : à Milan et à Rome, les familles étrangères proviennent de plus de cent pays différents. Par conséquent, la qualité de l'accueil et l'attention à l'histoire de chacun à l'intérieur des crèches constituent aussi une priorité pour les stratégies de rencontre interculturelle. Le volume se compose de deux parties. La première partie de cet ouvrage retrace le contexte et les spécificités du travail dans des services éducatifs devenus en peu de temps multiculturels et plurilingues. Susanna Mantovani et Chiara Bove analysent le travail des éducateurs lors de l'accueil des premiers jours et de la période d'adaptation, le décrivant comme une intervention pédagogique au seuil de la conscience, un effort pour construire une pédagogie de la pluralité à partir des rencontres, des acquis, des doutes. La crèche doit chercher à se placer comme un lieu ouvert, attentif aux changements, avec son influence et ses références. Il s'agit de réfléchir ensemble sur les thèmes concernant l'enfance et la parentalité, parce que « tomber d'accord à propos des enfants n'est pas évident ». Graziella Favaro redéfinit le contexte à partir de quelques notions clés comme l'intégration et l'interculture. Elle donne la parole aux acteurs et recueille leurs points de vue, actions et interrogations quant au choix interculturel, et cela sur un plan pragmatique, puisqu'il ne s'agit plus d'une utopie ou d'un projet à venir. Elle analyse les malentendus et les zones autour desquelles ceux-ci se concentrent, ainsi que les changements qui interviennent chez les parents immigrés dans leur représentation de lacrèche ; en effet, la crèche, initialement perçue comme un service consacré au « soin du corps » et régi par la nécessité, devient progressivement un lieu complémentaire à la famille, puis un service « bon » pour tous les enfants. Francesco Caggio, dans une étude à caractère autobiographique, retrace son vécu personnel de l'immigration et son histoire professionnelle d'enseignant, puis de dirigeant dans les services éducatifs de l'enfance. Il montre avec force et clarté les dilemmes de celui qui oeuvre à un projet d'accueil, résolu à ne pas être aveugle aux différences, ni à les amplifier. Il expose la nécessité de « déposer les différences » sans pour autant les nier, afin d'ouvrir des espaces mentaux nouveaux et de construire un espace commun. La seconde partie du livre donne la parole aux mères étrangères et aux médiatrices linguistico-culturelles qui oeuvrent dans les services sociaux, sanitaires, éducatifs et scolaires de Milan, Rome et Pérouse. Les défis, les difficultés, les solutions de ceux qui élèvent un enfant « ailleurs » sont au centre de l'étude de Tullia Musatti et Susanna Mayer qui ont recueilli les paroles de nombreuses femmes étrangères résidant à Rome. Pour la situation milanaise, Cristiana Mazza a interviewé des mères étrangères arrivées en Italie à des époques différentes ; elle a approfondi la question du changement des modèles parentaux et des différents choix d'intégration possibles tels que les expriment des femmes « pionnières » de l'immigration et d'autres arrivées plus récemment. Elle analyse, en outre, les rôles familiaux à l'intérieur du couple. Sara Rossetti explore principalement le thème de l'espace des enfants - à la maison, en ville et dans les services - ainsi que les modèles éducatifs que les parents portent en eux et que la migration transforme. Les mères qui élèvent leur enfant dans un contexte profondément modifié doivent abandonner l'idée d'un « enfant de tous », élevé dans une communauté familiale large, et s'adapter à l'idée de « l'enfant de sa maman », au centre de l'attention et des soins prodigués dans l'espace restreint du couple parental. À partir de l'histoire et des récits de quelques femmes maghrébines, Fiorella Giacalone décrit, dans une étude à caractère anthropologique, leur vie quotidienne, les choix éducatifs et les modèles de référence qui cherchent à concilier les savoirs enracinés dans la culture d'origine et, en particulier, dans l'islam, avec les messages et les références que la société d'accueil propose, créant ainsi, dans une alchimie inédite, de nouvelles compétences. Elle étudie tout particulièrement les étapes de l'attente de l'enfant, de l'accouchement, de l'allaitement et du sevrage, ainsi que ce qui touche à la santé et à la maladie, aux rites de l'enfance et de protection, aux techniques du corps et aux pratiques de maternage « entre ici et là-bas ».

Une crèche pour apprendre à vivre ensemble

Musatti;
2008

Abstract

Les recherches présentées dans ce livre ont été réalisées dans le cadre du projet « Aspects cognitifs et communicationnels de la cohabitation multiculturelle en Italie : les enfants étrangers entre famille et institutions éducatives », promu par le CNR-Institut de Sciences et technologies de la cognition et par l'université de Milan-Bicocca et l'université de Pérouse. Ces études ont été conduites dans trois villes (Rome, Milan et Pérouse), qui sont particulièrement significatives pour analyser les conditions des familles étrangères. En Italie la population étrangère est concentrée surtout dans les zones urbaines : dans les aires métropolitaines de Rome et Milan, on retrouve le nombre d'étrangers le plus élevé, alors que Pérouse qui, par son importance démographique ne se place pas parmi les grandes villes, a une longue tradition d'accueil des étrangers. Entre 2000 et 2002 (la période considérée dans les recherches) les trois villes ont toutes connu une considérable augmentation de la population étrangère et en particulier des enfants entre 0 et 3 ans. Au cours de l'année 2002, ceux-ci représentaient 19 % de la population de cet âge à Milan et 13 % à Rome. Deux aspects en particulier caractérisent la présence des petits enfants étrangers : la vivacité démographique et la pluralité des provenances. En raison de la natalité réduite en Italie, le rythme d'augmentation de la présence des enfants étrangers est plus important que celui des enfants italiens. En outre, ils sont de nationalités et d'origines très variées : à Milan et à Rome, les familles étrangères proviennent de plus de cent pays différents. Par conséquent, la qualité de l'accueil et l'attention à l'histoire de chacun à l'intérieur des crèches constituent aussi une priorité pour les stratégies de rencontre interculturelle. Le volume se compose de deux parties. La première partie de cet ouvrage retrace le contexte et les spécificités du travail dans des services éducatifs devenus en peu de temps multiculturels et plurilingues. Susanna Mantovani et Chiara Bove analysent le travail des éducateurs lors de l'accueil des premiers jours et de la période d'adaptation, le décrivant comme une intervention pédagogique au seuil de la conscience, un effort pour construire une pédagogie de la pluralité à partir des rencontres, des acquis, des doutes. La crèche doit chercher à se placer comme un lieu ouvert, attentif aux changements, avec son influence et ses références. Il s'agit de réfléchir ensemble sur les thèmes concernant l'enfance et la parentalité, parce que « tomber d'accord à propos des enfants n'est pas évident ». Graziella Favaro redéfinit le contexte à partir de quelques notions clés comme l'intégration et l'interculture. Elle donne la parole aux acteurs et recueille leurs points de vue, actions et interrogations quant au choix interculturel, et cela sur un plan pragmatique, puisqu'il ne s'agit plus d'une utopie ou d'un projet à venir. Elle analyse les malentendus et les zones autour desquelles ceux-ci se concentrent, ainsi que les changements qui interviennent chez les parents immigrés dans leur représentation de lacrèche ; en effet, la crèche, initialement perçue comme un service consacré au « soin du corps » et régi par la nécessité, devient progressivement un lieu complémentaire à la famille, puis un service « bon » pour tous les enfants. Francesco Caggio, dans une étude à caractère autobiographique, retrace son vécu personnel de l'immigration et son histoire professionnelle d'enseignant, puis de dirigeant dans les services éducatifs de l'enfance. Il montre avec force et clarté les dilemmes de celui qui oeuvre à un projet d'accueil, résolu à ne pas être aveugle aux différences, ni à les amplifier. Il expose la nécessité de « déposer les différences » sans pour autant les nier, afin d'ouvrir des espaces mentaux nouveaux et de construire un espace commun. La seconde partie du livre donne la parole aux mères étrangères et aux médiatrices linguistico-culturelles qui oeuvrent dans les services sociaux, sanitaires, éducatifs et scolaires de Milan, Rome et Pérouse. Les défis, les difficultés, les solutions de ceux qui élèvent un enfant « ailleurs » sont au centre de l'étude de Tullia Musatti et Susanna Mayer qui ont recueilli les paroles de nombreuses femmes étrangères résidant à Rome. Pour la situation milanaise, Cristiana Mazza a interviewé des mères étrangères arrivées en Italie à des époques différentes ; elle a approfondi la question du changement des modèles parentaux et des différents choix d'intégration possibles tels que les expriment des femmes « pionnières » de l'immigration et d'autres arrivées plus récemment. Elle analyse, en outre, les rôles familiaux à l'intérieur du couple. Sara Rossetti explore principalement le thème de l'espace des enfants - à la maison, en ville et dans les services - ainsi que les modèles éducatifs que les parents portent en eux et que la migration transforme. Les mères qui élèvent leur enfant dans un contexte profondément modifié doivent abandonner l'idée d'un « enfant de tous », élevé dans une communauté familiale large, et s'adapter à l'idée de « l'enfant de sa maman », au centre de l'attention et des soins prodigués dans l'espace restreint du couple parental. À partir de l'histoire et des récits de quelques femmes maghrébines, Fiorella Giacalone décrit, dans une étude à caractère anthropologique, leur vie quotidienne, les choix éducatifs et les modèles de référence qui cherchent à concilier les savoirs enracinés dans la culture d'origine et, en particulier, dans l'islam, avec les messages et les références que la société d'accueil propose, créant ainsi, dans une alchimie inédite, de nouvelles compétences. Elle étudie tout particulièrement les étapes de l'attente de l'enfant, de l'accouchement, de l'allaitement et du sevrage, ainsi que ce qui touche à la santé et à la maladie, aux rites de l'enfance et de protection, aux techniques du corps et aux pratiques de maternage « entre ici et là-bas ».
2008
Istituto di Scienze e Tecnologie della Cognizione - ISTC
Early Childhood Education
Migrant Families
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