I. Origines et composition (B. Belhoste) La Société de l'Harmonie universelle, fondée à Paris par Mesmer et ses amis à la fin de l'année 1783 pour faire connaître la doctrine et les méthodes du magnétisme animal, rencontre un succès immédiat. Recrutant sur la base d'une souscription, elle est organisée sur le modèle de la franc-maçonnerie dont elle emprunte les formes de sociabilité et de fonctionnement. A Paris même, rue Coq Héron, elle ouvre un cours réservé à ses membres et une clinique, qui accueille de nombreux patients. A travers ses filiales en province, dans les colonies, voire à l'étranger, elle constitue le principal vecteur de diffusion du mesmérisme. Consultés par le gouvernement, que ce succès inquiète, les sociétés savantes officielles condamnent le magnétisme animal, qu'elles jugent un produit du charlatanisme et de l'imagination. La Société, divisée par des conflits internes entre Mesmer et ses disciples, perd rapidement de sa vitalité et disparaît en 1786. Dans cette présentation, nous reviendrons sur le contexte de la fondation de la Société de l'Harmonie, afin de dégager les raisons de son succès et de son retentissement et nous examinerons les effets sur la Société de la condamnation du magnétisme animal par les commissions royales. Nous examinerons ensuite la composition de la Société, connue principalement grâce aux registres de ses membres, publiés au XIXe siècle, mais qui n'ont fait encore l'objet d'aucun examen systématique. A partir d'une étude prosopographique, nous chercherons à dégager les différents réseaux à l'oeuvre dans la diffusion du mesmérisme. Nous concentrerons pour cela notre étude sur Paris, à la fois comme espace de réception et comme centre de diffusion, en prenant également en compte l'existence de différents courants au sein du mouvement. II. Diffusion et développement (D. Armando) Les sources sur la Société de l'Harmonie Universelle offrent quelques renseignements non seulement sur la composition sociale et géographique du mouvement mesmérien, mais aussi sur son évolution dans les années comprises entre la condamnation des commissions royales du 1784 et la Révolution. En particulier, la collection des diplômes originaux d'affiliation conservée à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, déjà signalés par R. Darnton, donne des indications précieuses sur la vie de la Société après l'expulsion.de N. Bergasse et de son groupe « radical », en rupture avec Mesmer. Une des pistes de recherche les plus prometteuses ouvertes par l'étude des registres de la Société de l'Harmonie regarde ses ramifications dans les provinces françaises. En croisant leurs données avec des sources « locales », il est possible de mieux connaitre les relations entre la Société parisienne et ses filiales provinciales, ainsi que les particularités du mouvement mesmérien dans des contextes spécifiques, tel que, par exemple, l'intérêt suscité par le magnétisme animal à la Faculté médicale de Montpellier. La présence d'un petit noyau de membres étrangers ou résidents hors de France, parfois eux-mêmes des vecteurs de diffusion du mesmérisme, témoigne également du rôle de propagande et de la force d'attraction de la Société de l'Harmonie. C'est le cas, en particulier, de S. Giraud, dont on peut suivre le rôle au sein de la franc-maçonnerie européenne et son action pour introduire le magnétisme animal en Piémont. Ses polémiques avec J.-A. Doppet reproduisent à Turin les querelles parisiennes entre Mesmer et Deslon. Les controverses italiennes permettent d'aborder la question des rapports entre mesmérisme et religion, déjà signalée, du reste, par la présence dans les registres de la Société de l'Harmonie d'un certain nombre de religieux. Plus généralement, la reconstitution du réseau autour de la Société de l'Harmonie et l'analyse de ses vicissitudes invitent à suivre les itinéraires biographiques de ses membres, leur formation et leurs expériences avant l'adhésion au mesmérisme, ainsi que leurs destins ultérieurs, pendant et après la Révolution. Cette enquête, encore dans une phase initiale, éclaire d'un nouveau jour un phénomène complexe et pluriel tel que le mesmérisme, et sur son rôle dans le panorama culturel et social à la fin de l'Ancien Régime.
La diffusion du mesmérisme: Vienne, Paris, le monde
D Armando;
2011
Abstract
I. Origines et composition (B. Belhoste) La Société de l'Harmonie universelle, fondée à Paris par Mesmer et ses amis à la fin de l'année 1783 pour faire connaître la doctrine et les méthodes du magnétisme animal, rencontre un succès immédiat. Recrutant sur la base d'une souscription, elle est organisée sur le modèle de la franc-maçonnerie dont elle emprunte les formes de sociabilité et de fonctionnement. A Paris même, rue Coq Héron, elle ouvre un cours réservé à ses membres et une clinique, qui accueille de nombreux patients. A travers ses filiales en province, dans les colonies, voire à l'étranger, elle constitue le principal vecteur de diffusion du mesmérisme. Consultés par le gouvernement, que ce succès inquiète, les sociétés savantes officielles condamnent le magnétisme animal, qu'elles jugent un produit du charlatanisme et de l'imagination. La Société, divisée par des conflits internes entre Mesmer et ses disciples, perd rapidement de sa vitalité et disparaît en 1786. Dans cette présentation, nous reviendrons sur le contexte de la fondation de la Société de l'Harmonie, afin de dégager les raisons de son succès et de son retentissement et nous examinerons les effets sur la Société de la condamnation du magnétisme animal par les commissions royales. Nous examinerons ensuite la composition de la Société, connue principalement grâce aux registres de ses membres, publiés au XIXe siècle, mais qui n'ont fait encore l'objet d'aucun examen systématique. A partir d'une étude prosopographique, nous chercherons à dégager les différents réseaux à l'oeuvre dans la diffusion du mesmérisme. Nous concentrerons pour cela notre étude sur Paris, à la fois comme espace de réception et comme centre de diffusion, en prenant également en compte l'existence de différents courants au sein du mouvement. II. Diffusion et développement (D. Armando) Les sources sur la Société de l'Harmonie Universelle offrent quelques renseignements non seulement sur la composition sociale et géographique du mouvement mesmérien, mais aussi sur son évolution dans les années comprises entre la condamnation des commissions royales du 1784 et la Révolution. En particulier, la collection des diplômes originaux d'affiliation conservée à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, déjà signalés par R. Darnton, donne des indications précieuses sur la vie de la Société après l'expulsion.de N. Bergasse et de son groupe « radical », en rupture avec Mesmer. Une des pistes de recherche les plus prometteuses ouvertes par l'étude des registres de la Société de l'Harmonie regarde ses ramifications dans les provinces françaises. En croisant leurs données avec des sources « locales », il est possible de mieux connaitre les relations entre la Société parisienne et ses filiales provinciales, ainsi que les particularités du mouvement mesmérien dans des contextes spécifiques, tel que, par exemple, l'intérêt suscité par le magnétisme animal à la Faculté médicale de Montpellier. La présence d'un petit noyau de membres étrangers ou résidents hors de France, parfois eux-mêmes des vecteurs de diffusion du mesmérisme, témoigne également du rôle de propagande et de la force d'attraction de la Société de l'Harmonie. C'est le cas, en particulier, de S. Giraud, dont on peut suivre le rôle au sein de la franc-maçonnerie européenne et son action pour introduire le magnétisme animal en Piémont. Ses polémiques avec J.-A. Doppet reproduisent à Turin les querelles parisiennes entre Mesmer et Deslon. Les controverses italiennes permettent d'aborder la question des rapports entre mesmérisme et religion, déjà signalée, du reste, par la présence dans les registres de la Société de l'Harmonie d'un certain nombre de religieux. Plus généralement, la reconstitution du réseau autour de la Société de l'Harmonie et l'analyse de ses vicissitudes invitent à suivre les itinéraires biographiques de ses membres, leur formation et leurs expériences avant l'adhésion au mesmérisme, ainsi que leurs destins ultérieurs, pendant et après la Révolution. Cette enquête, encore dans une phase initiale, éclaire d'un nouveau jour un phénomène complexe et pluriel tel que le mesmérisme, et sur son rôle dans le panorama culturel et social à la fin de l'Ancien Régime.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.