Au-delà de l'horizon: différents régimes de visibilité des sépultures de Cnossos pendent le IIe millénaire av. J.-C.

Durant l'Âge du Bronze, les tombes et les nécropoles de la vallée de Cnossos présentent, selon le lieu et l'époque, différentes architectures et des mobiliers funéraires variés. Sur une période d'un-demi millénaire (de 1700 à 1200 av. J.-C. environ, MM IIB-MR IIIC), on peut distinguer deux phases. Au cours de la première (1700-1450 av. J.-C. environ), les tombes se situent en hauteur, dans des lieux caractérisés par une vue extraordinaire, ouvrant non seulement sur le paysage naturel, mais aussi sur les lieux fondamentaux de la mémoire minoenne (montagnes, mer, grottes, sources ; peak sanctuaries, nécropoles, palais, ville). En revanche, les tombes de la seconde phase (1450-1200 av. J.-C. environ) se trouvent en plaine, dans des lieux qui ne bénéficient d'aucun point de vue privilégié sur les lieux de la mémoire et de l'identité minoennes. Ce n'est pas seulement le régime de visibilité qui change, mais aussi la qualité de la perception visuelle et de la perspective. En intégrant cet ensemble de données dans le contexte culturel de la Cnossos du IIe millénaire av. J.-C., on propose ici une interprétation de différentes idéologies et des processus mentaux qui ont déterminé les actions sociales inscrites dans le paysage funéraire physique de la vallée.

During the Bronze Age, in the Knossos valley tombs and necropoleis are distributed in time and space with different architectures and grave goods. Within a period of about 500 years (ca. 1700-1200 BC, MMIIB-LMIIIC) we can distinguish two different phases: in the first (ca. 1700-1450 BC) necropoleis are located high up, enjoying an extraordinary view of the natural landscape and the main focal points of Minoan political and sanctified milieux (mountains, sea, caves and springs; peak sanctuaries, necropoleis; palace and city); in the second phase (ca. 1450-1200 BC), tombs are located lower down, in places from which it is impossible to see the important settings of Minoan memory and identity. It is not merely the degree of visibility that is changed, but also the quality of the visual perception and perspective. By integrating this material dataset within the historical-archaeological context of Knossos during the II millennium BC, I will propose an interpretation of the possible ideologies and thought-processes that seem to underlie the social actions so vividly expressed in the physical funerary landscape of the valley.